Le temps se perd, se gagne, se tue, se passe
puis, dans un tourbillon de feu et de lumière, la mémoire s’efface.
Et les seules traces qu’il en reste, celles là, on les appellera « légendes ».
Légende… Est-ce vraiment le mot ? Je ne crois pas. Nous avons réduis l’Histoire en un tissu de faits importants et oublié les histoires autrefois connues pour leur donner le titre si réducteur de « légendes ». Le temps a passé, mais moi qui n’en ai jamais perdu, je n’ai pas oublié l’histoire d’Oragif, le sacrieur. Je sens que ma vie va bientôt se perdre dans ce même tumulte bouillonnant qui fit disparaître de vos mémoires la légende d’Oragif. Ainsi, je vous transmets cette histoire dans l’espoir que vous aussi, vous irez la raconter autour de vous, ainsi l’histoire de ce héros revivra par vos bouches.
Cette histoire commence il y a cent ans, à Astrub. Dans une simple maisonnée, un enfant est né. Ses parents lui sourient, tous deux sacrieurs, ils n’étaient pas étonnés que leur enfant en fut un, cependant ils étaient heureux que ce fut le cas, on avait déjà vu des écaflips donné naissance à des éniripsa par exemple, c’était des cas très rares mais cela pouvait arriver.
Mais quelle que soit leur joie, ils savaient en eux même qu’elle ne serait que de courte durée. Ils élevèrent leur enfant avec le plus grand soin et le virent grandirent avec bonheur jusqu'à son dixième anniversaire. Mais le jour de ses dix ans, vint le moment inéluctable.
Ils auraient voulu que cet instant n’arrive jamais, mais les années ont passées plus vite qu’ils ne le croyaient et déjà, le matin même de cet anniversaire, on frappa à la porte.
*toc, toc, toc*
Le sang des deux parents se glaça. Et s’ils n’ouvraient pas, tout simplement ? Que se passerait-il ? Mais c’était impensable, ils savaient depuis le jour de la conception de leur enfant qu’il devait leur être arraché.
Résignés et se tenant mutuellement la main avec vigueur comme pour réconforter l’autre, ils allèrent ouvrir.
C’était Ganymède.
Personne ne parla, tous trois savaient ce qu’ils avaient à faire, d’ailleurs à quoi bon parler ? Ils n’avaient rien à dire. Ils pénétrèrent dans la chambre du petit. Il dormait encore, cela facilita le travail. Ils exécutèrent la tache pénible des bénédictions qu’ils devaient faire à l’enfant, qui devrait le guider dans sa vie à venir. Ils placèrent ensuite délicatement dans sa poche une petite peluche bleue, un boune. Son père murmura alors avec amertume :
« Joyeux anniversaire mon petit »
A ce moment là, c’était réellement fini, il n’y avait plus rien à espérer, Ganymède pris l’enfant dans ses bras et, d’un claquement de langue, une détonation retentit : Ganymède avait emmené l’enfant dans les pitons rocheux d’incarnam, où la statue de sacrieur veillait sur lui.
***
Oragif s’était réveillé lors de la détonation. Il regarda autour de lui :
Ganymède l’observai en souriant. Il se retourna et vit une immense statue, il avait déjà vu une statue semblable dans sa ville natale et savait qui elle représentait.
Il s’agenouilla devant la statue.
Il sentit alors quelque chose bougé dans le fond de sa poche et en ressortit : une petite créature bleue.
Ganymède prit la parole :